le témoignage après la mort du Père François Amboko
LE PERE FRANçOIS M’A MARQUE ET ME
MANQUE
C’est avec des larmes aux yeux que je
suis devant ce computer pour me rappeler de dernier moment de la vie de P.
François Amboko. Ce dernier est un des missionnaires de la Consolata que j’aie
connu depuis mon entrée au séminaire Antonio Barbero. Etant un grand frère dans
la vie religieuse, je partageais certaines expériences avec lui. Et je sentais
en lui un amour particulier envers les jeunes. De temps à autres il était avec
nous au séminaire, surtout dans les activités sportives du séminaire à tel
enseigne que nous l’appelions Coach.
En effet, au dernier moment de la vie
de P. François, personnellement j’ai senti vraiment son amour envers nous les
jeunes au séminaire, et envers ceux de la Paroisse Mater Dei où il était vicaire.
Je me souviens que le 8 octobre 2010, c'est-à-dire 1 jour
après l’entrée au postulat des étudiants de la 3ème année philo, le
P. François m’avait appelé au téléphone vers 20h20’ pour dialoguer un peu. Et
c’était juste quand je revenais de la propédeutique où j’étais parti retirer
des chaises pour la réunion communautaire du séminaire qui était prévue à
20h30’. Lorsqu’il m’avait appelé, le réseau n’était pas bon que la
communication s’était même coupée.
J’étais allé jusqu’à la maison régionale pour m’excuser comme quoi ce n’était
pas possible de nous parler ce soir là
suite à la réunion communautaire qui m’était indispensable. Eh bien, le P.
François avec beaucoup de gentillesse me dit : « Pas de quoi. Alors demain dès que tu seras libre, tu pourras toutefois
passer ». Le jour suivant, c'est-à-dire le 09 octobre, ce n’était pas
non plus possible parce que je m’étais rendu à la bibliothèque de Kimwenza pour
des recherches scientifiques. Ceci étant, nous nous étions revu avec le Père
François le lundi 11 octobre dans la cour du séminaire, non loin de la maison
régionale où il habitait, mais j’étais en plein travail manuel.
Le mercredi 13 octobre j’étais partis
en famille dans la commune de Lemba parce qu’il y avait un de mes grands-parents qui était décédé le 8 octobre et l’inhumation
était le 13. Comme chaque mercredi nous avons sport (football) à Mitendi, le P.
François affectueusement appelé Coach
était parti aussi. Et c’est lui d’ailleurs qui était l’arbitre lors de
l’entrainement. Il avait remarqué que je n’étais pas là. Juste quand je rentrais
au séminaire, en cours de route mon téléphone sonne, et c’était le P. François
qui m’appelait : « Bonsoir Eric ! Comment ça va ? Mais, tu
es où je ne t’ai pas vu au terrain aujourd’hui ». Et je lui avais expliqué
la raison de mon absence au terrain. Et lui commençait à me raconter comment
ils avaient joué sous la pluie, c'est-à-dire qu’ils étaient entrain de jouer et
quelques temps après, il commençait à pleuvoir. Il riait même quand il me
racontait tout ça. J’en étais très content.
Le jour suivant, c'est-à-dire le
jeudi 14 octobre à 20h25’ j’étais dans la salle de Télévision entrain de suivre
les infos, le P. Brown (recteur du séminaire) m’appelle comme quoi le P.
François avait besoin de moi pour l’accompagner dans une famille-amie habitant
à quelques 45 minutes du séminaire et là nous devrions voir aussi un garçon répondant
au nom de Patrick (Mais les séminaristes l’appelle Ye moko) qui devait aider le Père à faire un champs
d’arachides et de maïs dans notre concession derrière la maison régionale. Il
tenait vraiment à réalisé ce projet. Nous étions partis à pied. En route,
connaissant un peu bien le Père, j’avais senti qu’il y avait quelque chose qui
n’allait pas. On arrive à la destination, nous étions bien accueillis, mais je
ne connaissais personne de cette famille. Le Père lui-même avait procédé par la
présentation et les gens de la maison avait avoué qu’ils ne me connaissaient vraiment
pas. Alors, le Père dira par la suite en riant : «voilà, je vous l’amène aujourd’hui, faites-vous connaitre, vous pouvez
le visiter aussi un jour au séminaire. C’est l’héritage que je vous amène».
Et puis nous avions continué avec la causerie. Le Père parlait de tous les
projets qu’il avait pour les jeunes de
la Paroisse Mater Dei, et il avait même demandé à deux grandes filles de la
famille Siska et Bora de pouvoir s’engager vraiment à la Paroisse, tout en
suivant le cours d’apprentissage de l’anglais qui est organisé à la Paroisse et
dont lui-même était un des professeurs. Nous quittions la famille vers 21h45’
parce que je devais aussi revoir mes notes des cours. Chemin faisant, le Père
me parlait toujours de ses ambitions entant que vicaire de la Paroisse, et l’idée
de notre match-retour avec les missionnaires Clarétains qui nous avaient battus l’année passée ne lui
quitter pas en tête, c'est-à-dire il tenait à ce que nous puissions gagner
cette fois-ci. Et à cette même occasion nous avions profité de pouvoir échanger
sur ce qui est de mon évolution à l’université et à la communauté. Il m’avait
conseillé d’être calme et qu’il priait aussi pour moi.
Je suis sûr et certain que certains de mes confrères aussi ont
senti l’amour qu’avait le Père François pour les jeunes. Sinon, c’était un Prêtre
au sens vrai du terme, qui voulait bien la croissance et l’émergence des
jeunes.
Le samedi 16 octobre nous avions fêté
les anniversaires des confrères au séminaire philosophique et le P. François
était toujours présent. Juste au moment de remise des cadeaux aux confrères
lauréats, le P. François demande à la communauté de garder un peu silence parce
qu’il avait à dire. Aussitôt il
dira : « Vous savez que les
Clarétains nous ont lavé (gagné) l’année passée lors du match qui nous avait
opposé à eux. Alors, cette année nous devons les gagner. Ok ! Mercredi
avant d’aller à Mitendi pour l’entrainement, j’aurai besoin de vous pour 15
minutes dans la grande salle de la Propédeutique. 15 minutes seulement ».
Et tout le monde était content de la proposition et disait à haute
voix : « Coach ! Coach ! Coach ! ». Et la soirée s’était bien terminée. Le
dimanche 17 octobre vers 9h, j’étais au réfectoire du séminaire, à travers les
fenêtres je voyais le P. François sortir de la maison régionale pour la
Paroisse parce qu’il devait célébrer la deuxième messe.
Le lundi 18 octobre vers 15h30’, nous
étions en plein travail manuel juste à côté de la paillotte de la maison
régionale. Tout d’un coup, on entend le P. François crier fortement comme s’il
grondait quelqu’un. Hors c’était les symptômes de sa maladie. Vers 17h50’, je
fis un tour à côté de la maison régionale, je le rencontre à côté de la grande
salle de la Propédeutique entrain de parler et dire aurevoir aux Pères Urbanus
et Boniface qui rentraient à Bisengo Mwambe. Juste quand il retournait dans la
maison, je le salue et il me répondit calmement. Mais je savais au fond de moi
que mon cher Père était malade.
Le mardi 19 octobre vers 4h du matin,
le vieux Alexis qui est un des amis missionnaires de la Consolata à Kinshasa
frappe devant la porte de mon confrère Nicolas, celui-ci ouvre la porte, et
voit le vieux Alexis qui avait besoin d’au moins deux personnes encore qui
pouvaient aider à faire entrer le Père François dans la jeep pour l’acheminer à
l’hôpital. Nicolas lui, est dans la chambre n°13 et moi dans la chambre
n°14 ; nous sommes pratiquement des voisins. Lui à son tour frappe à ma porte. En sortant, je les vois
tous deux debout et ils m’expliquèrent la situation. C’est comme ça que Nicolas
et moi, sommes allé à la maison régionale et nous avions trouvé le P. François
entrain de dormir. Et nous avions aidé à faire entrer notre regretté Père dans
la jeep pour l’hôpital. Fort malheureusement, le mercredi avant de nous rendre
à Mitendi pour l’entrainement, nous n’avions pas eu l’occasion d’écouter le
Père François parce qu’il était déjà hospitalisé.
Quelques jours après, il semblerait
que son état ne s’améliorait pas, et qu’il fallait le transférer à l’hôpital
Saint Joseph de Limete (Kinshasa/Bld Lumumba).
C’est avec un cœur plein de douleurs,
de tristesses, de regrets que nous avons appris ce vendredi 29 octobre à 6h que
le Père François avait tiré sa révérence depuis jeudi 28 octobre à 21h30’.
La mort est inévitable dans notre
vie, mais ce n’est pas facile de voir un jeune prêtre, beaux et doux, nous quitter
définitivement pendant que nous avons encore besoin de lui.
Alors, prions que Dieu accorde le repos paisible et éternel à notre regretté P. François, surtout pour tout ce qu’il a été
pour nous jeunes et vieux dans l’Eglise, dans la communauté et partout
ailleurs.
ERIC MUSUMADI